Comment déclarer un sinistre à son assurance

…et survivre au traumatisme administratif post-traumatique


1. L’événement

Tout commence par un bruit sourd. Une fuite. Une casse. Un choc.

Un truc qu’on n’a pas vu venir et qui ruine une partie de notre intérieur, de notre voiture, ou de notre foi en l’humanité.

Mais c’est bon, on a une assurance.

On est couverts, qu’ils disaient.

On respire. On appelle. Et là, tout commence vraiment.


2. La déclaration du désespoir

Vous avez 5 jours (ou 2 en cas de vol) pour déclarer le sinistre.

“Ça se fait en ligne”, annonce joyeusement le site.

Spoiler : ça dépend.

Si vous êtes chanceux, vous tombez sur un formulaire.

Sinon, c’est un PDF à télécharger, remplir, scanner, renvoyer, sans oublier :

  • La facture du bien endommagé (retrouvée au fond d’un tiroir ou jamais retrouvée du tout)
  • Des photos du dégât (très importantes… surtout si vous n’aviez pas encore rangé le linge sale)
  • Le rapport de police, si applicable (que vous n’avez pas parce que vous ne pensiez pas que ça servait à quelque chose)
  • Le devis de réparation (fourni par l’artisan qui ne répond jamais ou qui vous demande 120€ pour l’établir)

3. Les pièces jointes, ce petit enfer

Attention : les pièces jointes doivent :

  • Être lisibles
  • Être en format JPEG ou PDF
  • Ne pas dépasser 4 Mo
  • Être déposées une par une
  • Porter un nom explicite (mais pas trop long non plus, sinon ça plante)

Vous tentez d’envoyer le tout.

Un message d’erreur s’affiche.

Vous recommencez.

Votre session expire.


4. Le gestionnaire de l’ombre

Une fois la déclaration soumise, votre dossier est transmis à un gestionnaire.

Vous ne savez pas qui c’est.

Il ne vous connaît pas.

Il travaille quelque part entre Rennes et Lyon, sur 342 dossiers en simultané.

Vous recevrez un mail de sa part avec une demande de justificatif supplémentaire (oublié ou inventé), ou une relance pour une pièce que vous aviez déjà fournie.

Et puis… silence.


5. La réponse

Après trois relances, quatre semaines, et un nouveau sinistre émotionnel, on vous annonce :

  • “Votre dossier est complet, il va être transmis au service indemnisation”
  • “Un expert va passer” (en mars 2026)
  • “Votre contrat ne couvre pas exactement ce type de dégât”
  • “Le plafond de remboursement est de 32,18€”

Vous jurez, vous pleurez, vous philosophez.

Le sinistre était grave.

Mais la déclaration l’était peut-être plus encore.