Pourquoi faire simple quand on peut faire vintage ?
Chaque année, c’est pareil : vous promettez de ne pas oublier Tata Suzanne. Parce que, malgré ses remarques passives-agressives et sa passion pour les napperons brodés, elle ne rate jamais une occasion de vous envoyer une carte de vœux papier, timbrée, tamponnée, parfumée.
Alors cette fois, vous allez lui répondre. Par la poste. Mais à votre manière.
Étape 1 : Acheter une carte de vœux (ou la fabriquer, vous êtes un·e artiste incompris·e)
Vous pouvez évidemment aller chez Monoprix, chez Hema ou même chez un buraliste old school. Mais le mieux reste de piocher dans le tiroir à cartes de 2009. Celui où traîne encore une carte avec un renne qui clignote. Voilà, celle-là.
Étape 2 : Écrire un mot gentil
Un vrai mot. Pas juste « Bonne année ! » suivi de votre signature illisible. Inspirez-vous d’un horoscope. Parlez du temps. Mettez un autocollant. Ou glissez une photo mignonne de vos enfants. Ça fait toujours plaisir (même à ceux qui ne les connaissent pas).
Étape 3 : L’étape cruciale — le timbre
Certains rient, d’autres osent. Il y a deux types de personnes dans la vie : celles qui ne savent même plus à quoi ressemble un timbre, et celles qui savent que l’étiquette autocollante sur une banane de supermarché a exactement la bonne taille, la bonne consistance, et presque la même aura d’authenticité.
Vous n’avez plus de timbres. Vous refusez de faire la queue à La Poste. Vous ne voulez pas télécharger l’appli pour générer un code QR.
Alors vous levez les yeux vers la cuisine. Là, dans la corbeille à fruits.
Une banane.
Et sur cette banane, une étiquette bleue, ovale, brillante. C’est elle. L’étiquette de banane devient votre ticket pour faire voyager vos vœux.
Collez-la délicatement en haut à droite de l’enveloppe. Admirez votre œuvre. C’est minimaliste. C’est absurde. C’est une forme de résistance.
Étape 4 : Poster la lettre
Pas question de déposer votre lettre dans la boîte jaune du coin de la rue, celle où vous croisez votre voisin ou la factrice tous les matins. Même sans mauvaise intention, un œil trop familier pourrait tiquer sur votre timbre fruitier.
Misez sur la foule. Direction un centre commercial, une grande gare, un quartier d’affaires : bref, un lieu où personne ne s’attarde sur les enveloppes.
Là, au détour d’un regard sur une banane bien mûre posée sur une table de cuisine, vous vous souvenez de l’étiquette, vous la décollez, vous la posez. L’idée vous vient comme ça, et vous décidez de la tenter. Alors vous glissez votre pli parmi les autres, en retenant un sourire. Et vous repartez, la démarche légère.
Le courrier partira. Tata Suzanne recevra vos vœux. Et vous, vous aurez économisé un timbre. Mais surtout, vous aurez goûté à un frisson discret : celui de l’astuce un peu borderline, un peu artisanale. Et parfaitement inoffensive.
Étape 5 : Attendre le verdict
Est-ce que Tata Suzanne va recevoir votre carte ? Oui. Va-t-elle remarquer l’étiquette ? Probablement. Va-t-elle comprendre ? Jamais.
Mais vous, vous saurez.
Vous saurez que vous avez vaincu le système, qu’au lieu d’un timbre Marianne, c’est Chiquita qui vous a ouvert les portes de la Poste.
Certains y verront un acte militant. D’autres, un hommage à Tata Suzanne. Mais soyons honnêtes : c’était surtout pour ne pas claquer 1,29€ de plus.