Il y a des traditions auxquelles on tient : les vacances, les primes (quand elles existent), les pots de départ avec chips molles… et puis il y a le Secret Santa. Ce jeu corporatiste déguisé où vous tirez au sort un prénom que vous avez déjà oublié, pour offrir un cadeau à 5 euros, qui finira dans un tiroir à câbles.
Mais que faire quand on ne veut pas participer ? Quand l’idée même d’acheter un objet inutile à un collègue que l’on évite déjà au micro-ondes donne des sueurs froides ?
Voici un guide de survie pour refuser poliment — mais fermement — sans perdre ses RTT ou son capital sympathie.
Étape 1 – Rester digne (dans sa tête)
Vous avez parfaitement le droit de ne pas participer. Il n’y a pas de loi (encore) qui vous impose d’acheter un taille-crayon licorne ou une bouteille de vin à votre boss.
Voici donc le mail intérieur, celui qu’on écrit pour se défouler — mais qu’on n’envoie JAMAIS.
Le mail qu’on pense très fort :
Bonjour à toutes et tous,
Merci pour cette initiative bienveillante, conviviale, chaleureuse, désintéressée, volontaire et non du tout passive-agressive de relancer pour la 3e fois le Secret Santa d’entreprise.
Malheureusement — et c’est une vraie tristesse — je ne pourrai pas y participer cette année. Non pas que je boude la joie de recevoir un mug imprimé “T’as le café qui fait la gueule” ou un kit à cookies périmé, mais mon corps et mon esprit ont décidé de faire preuve de sagesse. Et d’économie.
J’ai longuement hésité entre :
- acheter un cadeau random sous blister Amazon,
- faire semblant de me rappeler qui est Paul de la DSI,
- recevoir un baume à barbe alors que je suis chauve.
J’ai choisi l’option 4 : fuir.
Ce n’est pas vous, c’est moi. Et surtout, c’est mon planning :
- 12h30–14h30 : réunion CRR (Comité de Réévaluation Rituelle)
- 15h00–17h00 : focus deep work async à très haute intensité stratégique
Je vous souhaite à tous un excellent moment plein de chaleur corporate, de sourires forcés et de tentatives de vol de papillotes.
Bien à vous, mais de loin.
[Signature automatique désactivée]
Étape 2 – Communiquer en vrai (mais avec doigté)
Envoyer ce mail pourrait vous valoir un entretien avec les RH (ou pire : avec la team Happiness). À la place, voici une version officielle à copier-coller dans Teams ou Slack.
Le message officiel (qu’on pourrait vraiment envoyer) :
Salut à tous,
Merci pour l’organisation du Secret Santa, c’est une super initiative pour renforcer la cohésion
De mon côté je vais devoir passer mon tour cette année — quelques engagements pros m’empêchent d’être dispo ce jour-là, et je préfère ne pas m’engager si je ne suis pas certain(e) de pouvoir jouer le jeu jusqu’au bout.
Mais je vous souhaite à tous un très bon moment, hâte de voir les photos sur Teams et de deviner qui a offert le grille-pain en forme de Pikachu
À bientôt,
[Prénom]
Étape 3 – Se camoufler dans l’agenda
Pour éviter les relances ou les tentatives de dernière minute, n’oubliez pas de blinder votre calendrier professionnel avec quelques réunions fictives stratégiquement positionnées :
- 9h30 – 10h45 : Alignment Inter-Squad sur les KPIs async du trimestre
- 11h00 – 12h00 : Sprint Review confidentielle (off-site)
- 14h00 – 16h00 : Formation soft skills pour middle managers
- 16h00 – 17h30 : Call de synchro avec les équipes Canada (fuseau oblige)
L’idée n’est pas de mentir. Juste d’éviter de recevoir un dessous de verre « Je peux pas j’ai Excel » et de garder un minimum de dignité jusqu’à janvier.
À très bientôt pour un nouveau tuto. Peut-être : Comment esquiver le pot de fin d’année sans que personne ne le remarque ?