Résilier une assurance mobile souscrite (presque) contre son gré

Vous achetiez un téléphone.

Ou vous ouvriez un compte.

Ou vous récupériez un relevé bancaire de trois pages.

Et là, la banquière (ou le conseiller) vous a glissé, le regard doux :

“Vous voulez qu’on assure votre mobile, en cas de casse ou de vol ? C’est sans engagement, bien sûr.”

Vous avez dit oui.

Parce que vous êtes poli. Ou pressé.

Parce que c’était flou.

Parce qu’elle a dit “ça coûte trois euros” d’un ton qui faisait croire que c’était symbolique.

Et maintenant, trois mois plus tard, vous êtes prélevé tous les mois.

Et vous n’avez jamais reçu le contrat.

Et vous avez déjà une assurance habitation avec option “multimédia”.

Bienvenue dans le club.


1. Identifier l’assurance exacte à laquelle vous avez souscrit

C’est la première embuscade.

Car cette assurance :

  • N’est pas toujours au nom de votre banque
  • Est souvent gérée par un partenaire obscur, type SPB, Chubb, La Parisienne Assurances, Celside, AssurOne, SFAM, etc.
  • Peut apparaître dans vos relevés sous des noms du type : “Prélevé : SFAM / COVERSURE / Mobile Protect / Sérénité+ / Garantie Zen+ / SPB 82300”

Cherchez dans vos relevés bancaires et vos anciens mails

Ou demandez directement à la banque : “à quel assureur suis-je lié pour cette protection mobile que j’ai acceptée sans lucidité en juin dernier ?”


2. Récupérer les conditions générales de votre contrat

C’est vital.

Pourquoi ?

Parce qu’elles précisent :

  • le mode de résiliation autorisé (spoiler : rarement un bouton magique),
  • le délai de préavis (souvent 1 mois),
  • le moment à partir duquel la résiliation est possible (souvent après 12 mois si contrat annuel),
  • les motifs valables de résiliation anticipée (double couverture, perte d’emploi, vente de l’appareil assuré, etc.)

En théorie, depuis la loi Hamon (2014) et la résiliation infra-annuelle (2020), vous pouvez résilier à tout moment après 12 mois pour la plupart des assurances.

Mais dans le cas des assurances affinitaires, les assureurs sont souvent très créatifs pour rendre ça compliqué.


3. Rédiger la lettre de résiliation (la vraie, la dure, la recommandée)

Pas de bouton “se désabonner”.

Pas de lien dans votre espace client.

Pas même un formulaire en ligne dans la majorité des cas.

Non.

Il vous faut une lettre manuscrite (ou dactylographiée) avec :

  • vos nom, prénom, adresse
  • votre numéro de contrat (si vous l’avez trouvé…)
  • la marque du téléphone, et son numéro IMEI (vous avez dit absurde ?)
  • le motif de résiliation (optionnel, mais peut accélérer les choses)

Exemple de lettre

Objet : Résiliation de mon contrat d’assurance mobile n°[XXXXXXX]

Madame, Monsieur,

Je vous informe par la présente de ma volonté de résilier le contrat d’assurance couvrant mon appareil mobile [modèle + numéro IMEI], souscrit en date du [date], auprès de [nom de l’assureur].

Conformément aux conditions générales et à la législation en vigueur, je vous remercie de procéder à la résiliation de ce contrat, avec effet au [date + préavis], et de m’en confirmer la prise en compte par écrit.

Veuillez agréer l’expression de mes salutations distinguées.

[Signature]

4. L’envoyer au bon endroit (et le bon jour de pleine lune)

Chaque assureur a son adresse spéciale de résiliation.

Parfois, ce n’est pas la même que leur siège.

Parfois, c’est un centre de traitement situé à Niort ou à Tulle ou dans une zone industrielle avec “boîte postale” et rien d’autre.

Envoi en lettre recommandée avec accusé de réception obligatoire.

Conservez :

  • la preuve d’envoi,
  • une copie de la lettre,
  • une capture du numéro IMEI (vous rirez plus tard),
  • votre paix intérieure.

5. Attendre la confirmation. Relancer. Puis re-attendre.

  • Certains assureurs répondent en 15 jours.
  • D’autres font silence jusqu’à ce que vous les appeliez.
  • Certains prélèvent “par erreur” le mois suivant (ne vous laissez pas faire).

Si vous n’avez aucune réponse au bout de 30 jours, vous pouvez :

  • écrire un courrier de relance recommandé
  • contacter le service réclamations
  • ou menacer d’écrire à l’ACPR (le gendarme des assurances)

6. Et après ?

Vous aurez :

  • Résilié une assurance que vous n’avez jamais utilisée,
  • Appris le numéro IMEI de votre téléphone par cœur,
  • Économisé 3 à 12 euros par mois,
  • Et gagné une nouvelle compétence en droit des assurances affinitaires.

Félicitations.

Vous êtes libre.

Ou du moins, un peu moins prélevé.


En résumé

L’assurance mobile souscrite sur un coin de bureau :

  • Se résilie, mais pas sans douleur
  • Nécessite une lettre recommandée et une bonne dose de méthode
  • Est souvent redondante avec votre assurance habitation
  • Et peut, parfois, être remboursée rétroactivement si elle a été vendue sans votre consentement éclairé (cf. affaires SFAM)

N’oubliez jamais :

Ce n’est pas parce qu’on vous a souri en vous la vendant, qu’on vous sourira quand vous la résiliez.